En Europe, l'industrie automobile pense avoir passé le gros de crise

Le Monde | 09.09.2013 à 11h51 • Mis ? jour le 09.09.2013 à 14h04 | Par Philippe Jacqué

L'usine Volkswagen de Port Elizabeth, en Afrique du Sud.

M?me si son groupe a vu ses immatriculations chuter de 13,3 % au premier semestre sur le Vieux Continent, dans un march? globalement en recul de 6,6 % sur cette p?riode, M. Varin entrevoit la fin du tunnel. "Je pr?vois que le groupe enregistrera une hausse de part de march? au dernier trimestre gr?ce aux nouveaut?s que nous lan?ons", a-t-il d?clar? au Parisien, le 5 septembre.

Alan Mulally, la PDG de Ford, un constructeur qui flambe aux Etats-Unis, mais qui souffre en Europe depuis deux ans, partage ce regain d'optimisme. "Sur le Vieux Continent, l'industrie automobile pourrait avoir quasiment atteint un point bas", a-t-il estim? le 6 septembre ? Berlin.

Avec environ 13,4 millions de v?hicules particuliers et utilitaires vendus cette ann?e, le mill?sime 2013 devrait en effet ?tre l'un des plus m?diocres depuis vingt ans sur ce march?. Mais, de mani?re g?n?rale, assure-t-on chez les constructeurs, "on a touch? le fond de la piscine", comme l'estime un cadre de PSA.

STABILISATION

Les ventes peuvent-elles par ailleurs repartir ? la hausse ? Il est encore difficile de le dire. Le cabinet AlixPartners anticipe une stabilisation, avec une performance atone jusqu'en 2019.

Mais d'autres sp?cialistes se veulent plus optimistes. Ainsi, les cabinets IHS Automotive, Oliver Wyman ou encore l'agence de notation Moody's pr?disent pour leur part un faible red?marrage du march? d?s 2014.

"Le l?ger rebond de la croissance, la confiance des m?nages et l'acc?l?ration du vieillissement du parc automobile laissent pr?sager une reprise du march? en zone euro d'ici au premier trimestre de 2014, malgr? un niveau de ch?mage qui reste toujours inqui?tant", assure ainsi R?mi Cornubert du cabinet Oliver Wyman.

"Les donn?es actuelles ne nous permettent pas d'?tre plus optimistes que cela, indique de son c?t? Bertrand Rakoto, de Polk. L'?volution de la croissance reste neutre. La confiance des consommateurs reste basse, tandis que le taux de ch?mage reste ? de tr?s hauts niveaux. Et les achats par les particuliers et les flottes d'entreprises sont ? l'arr?t", liste-t-il.

"Le consensus des constructeurs ?voque une stabilisation des ventes en 2014, confie Hadi Zablit, du Boston Consulting Group. Selon les industriels et en fonction de leurs implantations, certains sont plus optimistes que d'autres."

Par exemple, Ford, qui a beaucoup perdu, mais d?pend d'un march? britannique actuellement solide, peut ?tre plus confiant que des constructeurs qui d?pendent beaucoup plus du sud de l'Europe – comme PSA –, o? l'activit? commerciale reste tr?s basse.

FERMETURES D'USINES

Cela ne veut pas dire qu'au cours des prochains mois, les constructeurs n'afficheront pas une progression de leurs ventes.

Au contraire. "Fin 2012, les volumes de v?hicules achet?s ?taient tr?s faibles. Donc, s'ils vendent un peu plus fin 2013, m?caniquement, la performance commerciale sera en croissance, bien qu'en volume, elle restera sans aucun doute extr?mement faible", reprend M. Rakoto. S'il y a une reprise, ajoute-t-il, ce ne sera pas avant la fin de 2014.

D'autant qu'avec un march? aujourd'hui ? moins de 14 millions d'unit?s, dont 11 ? 12 millions de v?hicules particuliers, le Vieux Continent souffre toujours de surcapacit?s de production.

Malgr? les fermetures r?centes ou ? venir d'usines chez PSA, Ford ou Opel, l'Europe disposerait toujours d'une surcapacit? install?e de trois millions de v?hicules, selon AlixPartners. Cela correspond ? dix usines moyennes.

Pour faire face ? cet enjeu, et tenter de survivre sans fermer de nouveaux sites, les constructeurs cherchent ? adapter leur strat?gie. Fiat a ainsi d?cid? d'?largir la production de Maserati, et bient?t d'Alfa Romeo, pour relancer ses usines italiennes, qui fonctionnent pour l'heure ? la moiti? de leurs capacit?s.

Renault, Opel et d?sormais PSA en passent par de nouveaux contrats sociaux pour r?duire leurs co?ts et r?sister ? la pression de Volkswagen – le groupe d?tient le quart du march? europ?en –, et des constructeurs sp?cialistes, c'est-?-dire haut de gamme, notamment allemands, qui viennent de plus en plus chasser sur leurs terres.

Si Peugeot ou Renault tentent de monter en gamme, Citro?n, avec sa nouvelle ligne C, cherche ? se r?inventer pour r?pondre ? une client?le moins argent?e. Dacia, la marque low cost de Renault, a trouv? la solution avec le mod?le "Entry" : plus d'un million d'unit?s devraient ?tre ?coul?es dans le monde en 2013.

Lire aussi : La 308, la berline qui doit remettre PSA en selle

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