Automobile : le pire est-il vraiment derrière nous ?

La crise automobile, puisqu’il faut l’appeler par son nom, faisait aux constructeurs la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. En l’an 2013, la fable du secteur est en train de prendre une nouvelle tournure. Le marché des voitures neuves en Europe vient de connaître en mars son dix-huitième mois consécutif de baisse. Mais, fait nouveau, l’Allemagne est à son tour touchée par l’épidémie. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour BMW, Mercedes ou Volkswagen (VW). Mais cela en est une encore plus mauvaise pour leurs rivaux, qu’ils soient français, italiens ou américains.

La banque JP Morgan, dans une note récente n’avait pas fait dans la demi-mesure en baptisant la crise de l’automobile européenne «Carmageddon». Force est de constater que dans cette bataille, mère de toutes les batailles, les constructeurs allemands sont les mieux armés, même s’ils ne sont pas immunisés.

En mars, les ventes de VW ont plongé de 14,6%, celles de sa filiale, Audi, de 8,8%. BMW ne fait guère mieux avec une baisse de 4,4%. Si Mercedes reste stable, c’est surtout grâce à une base de comparaison plus favorable que ses rivaux.

Bien sûr, l’accès de faiblesse que connaît actuellement le marché allemand compte pour beaucoup dans cette dégradation. Mais ce qui est inquiétant, plus globalement, c’est que contrairement à ce que tout le monde prévoyait, l’Europe n’a pas encore touché le fond. Bien au contraire. De quoi sérieusement perturber les plans de route des constructeurs, qui vont devoir rapidement réinitialiser leur GPS.

La plupart anticipaient une baisse de 3 à 5% du marché en 2013. Au bout de trois mois, l’addition a déjà doublé par rapport au scénario le plus pessimiste. C’est, comme qui dirait, mal parti. Mais si BMW, VW et Mercedes disposent de solides pare-chocs pour absorber le ralentissement, ce n’est pas le cas de Renault, PSA, Fiat, Ford ou Opel.

Jusqu’ici, les constructeurs allemands ont dominé le marché grâce à leur image de marque, pas à leurs prix. Avec l’agravation de la crise, cela pourrait changer. En tout cas, il y a du grain à moudre.

VW, en poussant encore un peu plus loin la standardisation des composants entre ses douze marques, a annoncé une économie potentielle supplémentaire de 1500 euros par voiture. De quoi atomiser un PSA, exsangue sur le plan de la trésorerie, un Ford, qui va perdre plus de 2 milliards d’euros en Europe cette année, ou un Opel, qui ne prévoit pas le retour aux bénéfices avant 2015, voire 2016. «Carmageddon» ne fait que commencer.

Photo: le concept-car de Volkswagen, XL1, censé consommer 1 litre aux 100 km

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