Une usine automobile française qui prévoit d’augmenter sa production de 50 % d’ici à trois ans, ce n’est pas tous les jours. Alors, ne boudons pas notre plaisir. Le site Renault de Flins (Yvelines) va assembler à partir de 2016 la petite citadine Micra de son allié Nissan. Un bol d’air au moment où les promesses de la voiture électrique, également assemblée dans cette usine, se font attendre.
Chose promise, chose due. L’accord de compétitivité signé le 13 mars entre trois syndicats et la direction de Renault entre donc en pratique. Le gel des salaires, le non-remplacement de certains départs et l’augmentation du temps de travail de 32 à 35 heures hebdomadaires ont permis de convaincre Nissan de confier la production de 82 000 voitures au site de Flins, qui, en 2012, en a assemblé 116 800. « Chantage à l’emploi ! » ont crié les contempteurs de l’accord. Bien sûr, tout le monde aurait préféré qu’on augmente les salaires ainsi que la production et qu’on baisse le temps de travail. Mais, voilà, ça ne va pas être possible. Les résultats du premier trimestre, publiés jeudi 25 avril, servent de piqûre de rappel pour ceux qui auraient oublié que le marché européen continue sa glissade. Les ventes de Renault ont baissé de 11,8 % sur les trois premiers mois.
Certes, il y a l’effet boomerang des ventes aux concessionnaires, dont le constructeur avait un peu trop abusé fin 2012 et qui remontent aujourd’hui à la surface. Mais, plus préoccupant, le marasme européen perdure et Renault n’est pas immunisé. Or à Flins comme dans les autres usines françaises, la cote d’alerte est déjà atteinte. Le site tourne actuellement à moins de 65 % de ses capacités. Rappelons qu’en moyenne, en dessous de 80 %, une usine perd de l’argent. Dans ce contexte, l’arrivée des Micra est pain béni.
Force ouvrière, l’un des trois syndicats signataires, estime que cela va permettre d’embaucher une équipe supplémentaire, soit 1 000 personnes (l’usine emploie aujourd’hui 2 650 contrats à durée indéterminée et 750 intérimaires).
Avant la signature de l’accord de compétitivité, le choix de la France n’avait rien d’évident pour Nissan. La version de la Micra que va accueillir Flins était jusqu’à présent fabriquée au Mexique, en Thaïlande, en Inde et en Chine.
L’amélioration de l’attractivité des usines françaises a bien sûr pesé dans la balance, mais la décision est également motivée par le fait que les prochaines versions de Micra et de Clio (assemblée aussi à Flins) partageront 50 % de leurs composants, permettant ainsi de réduire d’un tiers les coûts de production. Ces deux facteurs démontrent que la déindustrialisation n’est pas une fatalité.
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