Or, la nouvelle g?n?ration n'entend plus se contenter de satisfaire un noyau d'inconditionnels amateurs de sensations fortes, toujours pr?ts ? mettre les mains dans le cambouis. Place ? l'esth?te en qu?te de vintage et ? fort pouvoir d'achat.
Le style de la California reste tout en courbes, mais ses lignes sont d?sormais plus muscl?es que grassouillettes, alors que les mat?riaux (aluminium, acier bross?) gagnent en qualit?. Le saut technologique, certes attendu ? bord d'un mod?le qui n'avait gu?re ?volu? depuis plus de quinze ans, est impressionnant. L'acc?l?rateur est ? commande ?lectronique ("ride by wire"), le pilote peut opter entre trois modes de gestion du moteur et dispose d'un contr?le de traction, tr?s utile sur chauss?e glissante. Etant donn? le poids record de la b?te (322 kilos) et son peu d'inclination pour la prise de g?te, le bicylindre en V, dont le cubage est port? ? 1 400 cm3 et la puissance ? 96 ch, se m?ne de pr?f?rence en mode "p?p?re". Mais, contrairement ? une Harley-Davidson, il ne d?teste pas grimper dans les tours.
Les aficionados historiques de la California regretteront que ce moteur mont? sur silent-blocks n'engendre plus gu?re de vibrations. Et sans doute aussi que le passage des vitesses, qui s'effectue avec le talon pour monter les rapports et avec l'avant de la semelle pour r?trograder (le cuir des Weston de ces messieurs sera pr?serv?), ne provoque plus le vacarme d'antan.
La California, navire amiral de Moto Guzzi (marque int?gr?e depuis 2004 au sein du groupe Piaggio), change d'?poque. Et de prix, qui fait un bond ? 19 350 euros. Cette machine assume pleinement l'embourgeoisement et le vieillissement d'une client?le en qu?te de gros cubes raffin?s mais capables d'invoquer les m?nes de la grande tradition europ?enne dont BMW fut longtemps le seul repr?sentant.
Le grand retour des europ?ennes
La liste de ceux qui se proposent de donner corps ? ce retour de flamme de la moto europ?enne s'est allong?e. Outre les italiennes, les anglaises de Triumph poussent leurs feux avec succ?s. "On ach?te une moto pour se faire plaisir, plus seulement pour se rendre au travail. Dans ce contexte, les firmes italiennes ont su marquer leur territoire en proposant des exp?riences de conduite tr?s sp?cifiques", souligne Federico Musi, directeur g?n?ral de Piaggio-France.
Trop neutres, trop fonctionnelles, les japonaises, qui ne d?tiennent plus que la moiti? du march? fran?ais (contre les deux tiers il y a dix ans), n'offrent gu?re ce suppl?ment d'?me qui fait l'attrait des motos transalpines. D'autant que ces derni?res semblent avoir enfin atteint un niveau de fiabilit? satisfaisant.
Ducati, qui vient de battre une nouvelle fois son record de production en 2012 avec 44 000 motos, est d?j? pass? ? la vitesse sup?rieure. Un temps moribonde, la marque a remont? la pente en misant sur l'?l?gance de son design, mais aussi en modernisant et diversifiant sa gamme tous azimuts. "La moto est un march? de nouveaut?s o? les carri?res sont courtes, ce qui impose de renouveler l'offre en permanence", insiste Philippe Mouterde, patron de Ducati-France.
D'o? le lancement quasi ininterrompu de mod?les dont la diff?renciation tient souvent plus au marketing qu'? toute autre consid?ration. Ce mois-ci apparaissent l'Hypermotard (11 450 euros) et l'Hyperstrada (12 790 euros), deux mod?les qui collent aux ph?nom?nes de mode du moment et doivent contribuer ? ?largir le spectre d'une marque parvenue ? s'inscrire dans la cat?gorie "premium", tout en s?duisant une client?le sensiblement plus jeune (41 ans) que la moyenne.
Ces choix ont permis ? Ducati d'accro?tre son chiffre d'affaires de 11 % en 2012. Et incit? le groupe Volkswagen ? d?bourser 860 millions d'euros pour faire l'acquisition de la marque afin de se diversifier dans le deux-roues. Encore un signe tangible du retour en forme de la moto italienne.
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